Historique

1. SI LA NUTRITHÉRAPIE M’ÉTAIT CONTÉE…

La naissance d’une nouvelle discipline en médecine n’est pas le fait d’un jour. Elle tire ses racines de multiples expériences qui mettent en scène de nouveaux protagonistes, ici les vitamines, les minéraux, les acides gras essentiels et les acides aminés.
Chacune de ces découvertes semblent attendre la puissance conceptrice de quelques génies, qui, jouant de leur capacité de synthèse, de leur volonté de soigner et aussi de leur audace les utilisent telles des briques dans la construction d’une nouvelle voie thérapeutique : la « médecine orthomoléculaire » ou « nutrithérapie » est née.
Des études ne cessent d’observer le décalage entre les apports et les besoins et ne font que délimiter encore mieux la place, bien à elle, de la nutrithérapie. Les situations se multiplient : de la simple physiologie (conception, grossesse, croissance…) à la maladie chronique (sclérose en plaques, eczéma…) à la prévention des toutes les maladies du vieillissement et dégénératives (pathologies cardiovasculaires, cataracte, dégénérescence cérébrale, baisse des défenses immunitaires …).
Curative, préventive, la nutrithérapie repose uniquement sur des substances constitutives de notre organisme. L’histoire de ces « molécules endogènes » est fort longue.
Nous conterons ici les faits les plus démonstratifs ou qui font appel à notre socle commun de connaissances. En somme, une médecine résolument moderne qui se nourrit des découvertes les plus novatrices…et que chacun connaît déjà un peu grâce à par ses expériences ou ses lectures…

2. NAVIGUONS SUR LA ROUTE DES VITAMINES…

Vasco de Gama, Magellan… autant de noms qui nous ont fait rêver quand nous étions enfants. On se souvient aussi des récits des équipages décimés, non pas par les dangers extérieurs tels que vagues ou pirates mais…par la maladie, le scorbut. On se rappelle alors l’expérience du médecin écossais James Lind, qui démontre, en 1747, que la consommation de fruits frais, en l’occurrence d’agrumes oranges et citrons, est capable de prévenir l’apparition de cette maladie. Désormais les matelots de la marine britannique devront boire, chaque jour, une ration de sirop de citron bouilli ! la vitamine C ne dit pas encore son nom.
Béri-béri et riz complet sont liés à jamais dans nos esprit. En 1886, Christian Eijkman, bactériologiste hollandais, futur prix Nobel, est frappé par le brusque changement d’attitude des poulets de son laboratoire. La rapide enquête révèle le passage inopiné au riz raffiné par défaut d’approvisionnement en riz complet pour nourrir les bêtes. Quelque chose contenu dans les cuticules du riz complet préservent les poulets du béri-béri. Ce quelque chose…c’est la vitamine B1, identifiée bien plus tard.

3. LE SILLON DES MINÉRAUX EST CREUSÉ…

Pratique empirique, puis, longtemps après, identification de la substance : les minéraux suivent cette même logique.
Il y a plus de 4700 ans, les chinois soignaient le goitre avec des algues venues de la mer des Sargasses. Goitre et manque d’iode sera déterminé beaucoup plus tard.
Depuis l’antiquité, oxyde de zinc et cuivre sont utilisés dans les traitements des plaies et des brûlures. Les grecs buvaient du vin dans lequel des pièces de fer avaient été placées. Hippocrate prescrivait du cuivre dans certaines pathologies pulmonaires.
En 1832, Blaud, administrant du sel de fer, observe l’augmentation de la concentration en hémoglobine dans le sang.
En 1869, Roulin démontre la nécessité du Zinc pour la croissance ….d’un champignon. Presque un siècle après, Prasad le fait chez l’homme cette fois.
Au début du 20 ième siècle, les propriétés sédatives du magnésium sur l’excitabilité cellulaire est mise à profit par les américaines Loeb et Meltzer dans le traitement de la tétanie.
Pendant des siècles, le rôle du calcium dans la formation des os et des dents a été suspectée. L’apport en fer pendant la grossesse est généralement appliqué.

4. UN BAIN D’HUILES PROLIFIQUES …OU MALÉFIQUES

Premier pas vers l’identification du groupe des corps gras, la découverte, en 1814, de la leur nature chimique par le français Michel Chevreul. Autre pas décisif, la mise en lumière à l’intérieur de ce groupe hétérogène, de deux acides gras, l’acide cis-linoléique et alpha- linolénique, non synthétisable par l’organisme mais indispensable à sa croissance. « acides gras essentiels » tel sera leur nom de baptême, en 1927, par leur découvreur américain Georges Burr. Les pathologies dégénératives, en particuliers cardio-vasculaires, certains
cancers, des maladies auto-immunes, engendrées par le déficit en ces acides gras, souligne
leur essentialité.
En 1937, Hansen révèle l’effet bénéfique de certaines huiles sur l’eczéma des enfants.
Aux USA, Hugh Sinclair, se basant sur l’étude l’alimentation des esquimaux, édicte deux principes fondamentaux. Le déséquilibre entre graisses saturées et insaturées est préjudiciable à la santé. Les graisses « trans » engendrées par l’hydrogénation des huiles lors de leur passage à la forme solide (margarine) sont des substances dangereuses, non physiologiques.
Plus proche de nous, en Suisse, le Dr Catherine Kousmine étudie l’effet bénéfique des acides gras essentiels dans le traitement de la sclérose en plaques. Elle sera un catalyseur dans la pratique quotidienne de la nutrithérapie dans l’univers familial, favorisant l’utilisation quotidienne de certaines huiles, de graines broyées et de méthodes de cuisson.

5. DANS LA FAMILLE DES ACIDES-AMINÉS, APPORTEZ-MOI LES ESSENTIELS !

Essentiels ? c’est aussi le cas de certains acides aminés. Indispensable à la croissance, l’organisme ne peut pas les synthétiser par lui même. L’apport exogène est indispensable, comme par exemple, la thréonine ou plus récemment, l’histidine. D’autres sont dits « conditionnellement essentiels » c’est à dire qu’une condition particulière impose leur apport exogène. La taurine est dans ce cas. Strurman, dans les années 80 a montré qu’elle est indispensable au fonctionnement cérébral alors que les capacités de synthèse du nouveau-né sont pratiquement nulles.

6. INDIVIDUALITÉ BIOCHIMIQUE

La notion d’individu est une notion ancrée dans chacun de nous. Pour définir un seul être unique, nous tentons de réunir l’ensembles de ses caractéristiques physiques et psychiques. Le biochimiste américain, Roger Williams, donne à réfléchir, en dessinant les contours d’un nouveau concept : l’individualité biochimique. Fondateur dans les années 1950, de l’institut de biochimie à Austin, à l’université de Texas, il mène un important travail de recherche (découverte de l’acide folique si important dans la prévention des malformation congénitales) sur lequel il s’appuie pour proposer que « certains individus sont porteurs de gènes qui les prédisposent à des pathologies. Ces gènes produisent des particularités biochimiques qui ne sont pas rééqulibrables par une alimentation normale mais par des choix nutritionnels et une supplémentation adaptée ». En résumé, chacun a des besoins nutritionnels différents correspondant à son « individualité biochimique».

7. MÉDECINE ORTHOMOLÉCULAIRE

Linus Pauling, prix Nobel de chimie en 1954 et prix Nobel de la Paix en 1962, a fait mondialement connaître l’intérêt de la supplémentation en vitamine C, notamment dans le rhume. Il s’est particulièrement intéressé à la psychiatrie orthomoléculaire et élargit sa vision en définissant globalement la médecine orthomoléculaire (ortho veut dire droit, juste en grec) qui « vise à préserver le meilleur état de santé possible ainsi qu’à traiter la maladie par des variations de concentration des substances indispensables à la santé et qu’on trouve normalement dans l’organisme ». Et puisqu’une belle histoire finit toujours par des chansons, l’image musicale de Roger Williams nous parle de synergie.
«S’il veut jouer la musique du corps, le nutrithérapeute est amené à former des orchestres en faisant appel à des instruments nutritionnels variés, les aliments, les vitamines, les minéraux, les acides aminés et les acides gras essentiels ou conditionnellement essentiels».

Sources :

  • Dr Jean-Paul Curtay, La nutrithérapie, bases scientifiques et pratique médicale.
    • Editions Boiron
  • Dr Alain Bondil, Marion Kaplan, votre alimentation selon l’enseignement du Dr
    • Catherine Kousmine. Editions Robert Laffont